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Lectures paresseuses
27 mai 2008

Chardonne le quaker

    "Au tréfonds de lui-même, Chardonne est un révolté et même un inadapté: il n'accepte rien, mais il trouve, l'esprit de révolte, une grande faiblesse. "J'ai taché de comprendre et de voir sans haine ce qui m'étais le plus étranger."Sa révolte va sans ostentation et sans dolorisme."Si on n'était pas pessimiste, la mort serait bien cruelle. Mais il faut être un pessimiste clairvoyant et bon vivant." Cette idée, qu'il exprime pour Paulhan, il la répétera plus tard:"Je conseille un pessimisme gaillard et plein d'allant." Son pessimisme porte sur le social, pessimisme de réflexion. Il n'est pas le fond de sa nature, sauvée par la fraîcheur des curiosités, la société elle-même objet de curiosité."La vie est tragique. On demande qu'elle ne soit pas ennuyeuse."
    Ce vers quoi il tend, c'est à goûter le présent comme il le mérite, légèrement: une huître fraîche("ce fruit salé"), une belle matinée de juin, un moment d'accord avec Camille, un nuage rose qui s'effiloche à l'horizon, la rencontre ou la lettre d'un ami, les fillettes de l'école voisine ("mes préférées ont dans dix ans"), qui courent vers lui dès qu'elles l'aperçoivent, et cette petite de quatre ans qui lui dit à l'oreille: "Quand vous ne serez plus sourd, je vous épouserai." Des riens l'enchantent, à la façon d'Epicure."J'ai goûté la vie, acceptant de bon coeur ce qu'elle m'offrait; mais j'ai toujours dit: très peu." "Les bonnes choses de la vie, on les trouve sur les bords."Le quaker n'est jamais mort, en lui.

p.304, "Chardonne", Ginette Guitard-Auviste, Orban

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