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Lectures paresseuses
24 mars 2009

Les deux étendards

A lire pour comprendre les enjeux de la polémique actuelle contre le Pape:

http://www.present.fr/

Le déchaînement médiatico-politique de la semaine passée contre le Pape fait irrésistiblement penser à la méditation sur les deux étendards dans les exercices spirituels de saint Ignace : « l’un de Jésus-Christ, notre chef souverain et notre Seigneur ; l’autre de Lucifer, ennemi mortel de la nature humaine. » En ce milieu de carême, il n’est pas inutile d’aller la relire. 

C’est sous l‘étendard du préservatif, nous l’avons déjà dit, que la culture de mort mène mondialement sa seconde révolution sexuelle (après la pilule), répandant et décuplant les mœurs de Sodome sous couvert de lutter sanitairement et salutairement contre le sida. Par cette classique tentation diabolique, selon laquelle la fin justifie le (mauvais) moyen, on substitue progressivement à la responsabilité sexuelle la prétendue maîtrise technique avec cette nouvelle « morale » universelle du Sidaction : — Sortez couverts ! C’est par le même procédé dit « prophylactique » qu’on avait déjà opéré avec la révolution contraceptive en commençant à détruire la famille. Et à la jeune fille à peine pubère ou à la femme « libérée » qu’on a ainsi poussées à l’irresponsabilité morale mais qui n’ont pas su maîtriser le leurre défaillant de la responsabilité technique, on assène aujourd’hui ce nouvel impératif (im)moral : — Tu dois avorter car c’est ton droit ! Voici le cercle « vertueux », en réalité très vicieux, du nouvel ordre moral avec le génocide que l’on sait, déguisé en « santé reproductive ». De la même manière que la mentalité contraceptive augmente l’avortement, la mentalité capote soi-disant antisida augmente le sida, selon une logique de pompier-pyromane scientifiquement démontrée par les chiffres.

C’est cela qu’a exprimé très clairement et prophétiquement Benoît XVI en s‘érigeant contre cette culture du mensonge, cette pensée magique qui confère à un morceau de caoutchouc un pouvoir fétichiste, protégeant efficacement « à 100% » de la maladie, « seul vaccin » contre elle. Dans Le Figaro de lundi, Rémi Brague, avec une fable à la manière de Candide, montre joliment ce qu’a de précieusement ridicule l’acharnement contre ce Pape qui ne fait que demander pour le sexe ce qu’on admet généralement en d’autres domaines : « Voyez-vous, ce n’est pas avec des mesures purement techniques que l’on viendra à bout de l’addiction au tabac…, de la violence dans les banlieues…, du terrorisme islamique…, etc. » Le gilet pare-balles ou la ceinture de chasteté n’ont jamais été la solution à une multiplication (par ailleurs consentie !) de conduites à risques : en donnant un sentiment de fausse sécurité, ils évitent de s’interroger sur la cause profonde du mal en question et de son expansion : « Quand le mal est toléré, il pullule », disait saint Vincent de Paul. 

Mais il y a justement, dans cette affaire emblématique, un révélateur qui manifeste les limites de la laïcité positive façon Sarkozy, à laquelle certains catholiques avaient cru bon de se raccrocher inconditionnellement comme « une chance » pour l’Eglise. On saisit bien que la nouvelle ruse de cette laïcité mondaine est d’agréer l’Eglise seulement comme il lui plaît, en tant qu’« Eglise par omission » relativement à certains sujets tabous de son panthéon babylonien. On en revient précisément à la méditation sur les deux étendards de saint Ignace de Loyola qu’on ne peut développer mais aussi à son « appel du Christ Roi » : Est est, non non ! 

C’est bien à cet appel que l’on songe lorsqu’on lit les homélies si pauliniennes du Saint-Père en Afrique. En particulier celle de samedi en l‘église Sao Paolo de Luanda : « Quelqu’un objectera : “Pourquoi ne les laissons-nous pas en paix ? Ceux-ci ont leur vérité ; et nous la nôtre. Cherchons à vivre pacifiquement en laissant chacun comme il est, afin qu’il réalise le plus parfaitement possible sa propre identité”. Mais si nous sommes convaincus et avons fait l’expérience que, sans le Christ, la vie est inachevée, qu’une réalité – la réalité fondamentale – lui fait défaut, nous devons être également convaincus du fait que nous ne faisons d’injustice à personne si nous lui présentons le Christ et lui donnons la possibilité de trouver de cette façon, non seulement sa véritable authenticité, mais aussi la joie d’avoir trouvé la vie. Bien plus, avons-nous le devoir de le faire ; c’est un devoir d’offrir à tous cette possibilité dont dépend leur éternité. »

REMI FONTAINE

Article extrait du n° 6807
du Mercredi 25 mars 2009

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