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Lectures paresseuses
15 avril 2009

Continuité de l'Histoire et chaîne des générations

Benoît Duteurtre avait écrit une oeuvre de mémorialiste remarquable dans "Les pieds dans l'eau", Gallimard, 2008, chronique familiale de la famille de René Coty dont il est l'arrière petit-fils. Il reprend le scandale de l'affaire des Ballets roses pour poursuivre cette exploration de la France de la IVe République où émerge notamment la figure d'André Le Troquer: une fulgurante ascension sociale qui le propulsera président de l'Assemblée Nationale du 12 janvier 1954 au 10 janvier 1955 et du 24 janvier 1956 au 4 octobre 1958. D'extraction populaire, invalide de guerre (manchot de la main droite)  il devient un baron de la S.F.I.O jusqu'à sa relégation suite à cette affaire. A travers cette destinée, c'est l'une des figures de proue de l'anticléricalisme qui revit à nous ( p.25:"Pendant les vacances, lorsqu'ils visitent des églises, les parents Le Troquer incitent leurs rejetons à s'emparer des livres de messe, puis ils vont les jeter pour détruire l'opium du peuple."). Il décède le 11 novembre 1963 à Enghien-les-bains dans notre Val d'Oise. Figure aux antipodes de notre sensibilité, et à ce titre intéressante tant la France est travaillée de divisions tenaces.

41Vabls7__L    "Au fil de ce travail, comme je m'enchantais de chaque découverte ajoutée aux autres pour compléter le puzzle d'époque, je me demandais pourquoi j'éprouvais cet étrange bonheur à ranimer le passé, à faire revivre les morts, à remonter le temps avec nostalgie...Peut-être parce que, sans cette continuité de l'Histoire, sans cette présence du monde d'où nous venons, sans cette faculté de relier les époques, l'existence humaine paraîtrait trop absurde et solitaire, simple poignée de destins et de moments évaporés dans l'infini. Le sentiment que le passé est toujours là, dans nos caves et nos greniers, qu'il suffit de fouiller pour recréer des liens entre les vivants et les morts, m'a particulièrement réjoui pendant plusieurs mois, tandis que je devenais familier des lieux étranges où se conservent - dans des registres, dans des livres et dans des bobines de pellicule - tous ces fragments épars de nos vies."

p239-240, "Ballets roses", Benoît Duteurtre, Grasset, 2009

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