Poème élégiaque de Saint-Exupéry
Villa Saint-Jean Fribourg, le 18-02-1917
"L'étang semble dormir, pas un roseau ne chante
Les saules consternés se taisent sur le bord;
Pleurant ce qui leur fit souvent risquer la mort
De fragiles iris penchent vers l'eau pesante...
Car le dieu qui rendait la campagne vivante, Le vent n'est plus ici pour l'animer encor,
Pour dire aux oisillons de prendre leur essor
Ou plisser l'étang bleu d'une vague mourante...
Mais les arbres pensifs attendent son retour.
Et nous sommes ainsi quand, n'ayant plus d'amour,
L'orage étant passé, rien chez nous ne frissonne,
Que réclamant ce qui nous fit pourtant souffrir
Notre coeur est muet, vide, triste à mourir
Ô mon ami...comme un paysage d'automne !"
p.31, " Les mystères de Saint-Exupéry", Jean-Claude Perrier, Stock 2009