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Lectures paresseuses
7 février 2013

Gudrun Ensslin: un destin pour revisiter les années 70 allemandes

Cloué au lit à la faveur d'une pharyngite, j'ai pu visionner ce matin "La bande à Baader",  d'Uli Edel, film sorti le 12 novembre 2008 en salle en France. La bande à Baader claque comme un slogan dont on perd tout élément concret. Affectivement pour moi, c'est l'écho lointain où, gamin, fusaient des "C'est la bande à Baader !!!" quand une radio, une télévision annonçaient un acte de violence. De ce qu'on croit familier, notre curiosité retient à peine la pellicule des choses et jusqu'à aujourd'hui, la réalité du phénomène Baader n'a pas plus d'épaisseur que "C'est la bande à Baader !!!" lancé sonorement sous le préau.

    Le film colle au plus près à l'engrenage de cet activisme destructeur autant qu'autodestructeur, les protagonistes sont pris au vif selon le style direct du reportage. Pour le rythme, c'est haletant; et pour la compréhension intime d'un tel radicalisme, on effleure la surface des intentions d'un engagement aussi intense. On termine le film reconnaissant d'avoir su nous replonger dans ses années de plomb allemandes, et en même temps on reste au seuil des interrogations sur cet épisode sanglant de l'histoire allemande des années 70. On retiendra une seule figure, Gudrun Ensslin pour ouvrir l'étendue de ce qui reste à appréhender pour un Français l'univers mental de la R.A.F.

  

imageC'est une fille de pasteur, née en le 15 Août 1940 à Bartholomä en Bade-Wurtembourg. Helmut Ensslin ( http://fr.wikipedia.org/wiki/Gudrun_Ensslin) est un pasteur reconnu de l'église évangélique d'Allemagne (EKD). Une famille qui compte sept filles, en filiation directe avec le philosophe Hegel ! Une scolarité visiblement sans encombre qui aboutit à une année au lycée à Waren en Pennsylvanie à l'âge de 18 ans. Elle décroche une bourse du Studienstiftung des deutschen Volkes pour étudier la philosophie. Elle rencontre Bernward Vesper (http://fr.wikipedia.org/wiki/Bernward_Vesper) , son premier compagnon. Ils créent ensemble une maison d'édition en 1963,  "Studio für neue Literatur » (Studio pour de la nouvelle littérature). Ils s'établissent à Berlin-Ouest en 1965 où elle poursuit son doctorat à la Frei Universität. Une vie scolaire et universitaire qui ne présente rien de chaotique. C'est à Berlin visiblement qu'elle découvre l'activisme anti-nucléaire, anti-présence militaire américaine en Allemagne. La passion pour la politique active entre dans sa vie. Elle  est mère d'un garçon en 1967, Felix Robert (http://fr.wikipedia.org/wiki/Felix_Ensslin), figure culturelle importante aujourd'hui. Mais naissance qui marque aussi sa séparation avec Vesper. On arrive au début du film, elle manifeste contre la visite du Chah d'Iran, elle rencontre Andreas Baader. Son nom est désormais scellé à l'odyssée tragique de la Fraction Armée Rouge.

 

A peine survolée, sa vie est un condensé de l'esprit soixante-huitard allemand  qui reste pour moi, une terra incognita. On ne s'attache pas au voisin immédiat, né en 1970, l'Allemagne a peu compté dans mon éducation intellectuelle, hormis le national-socialisme hypertrophié qui m'a éloigné de la langue allemande pourtant apprise en première langue. C'est en traversant en voiture l'Allemagne l'été dernier pour rejoindre la Lituanie qu'a débuté la naissance d'une curiosité marquée pour cette nation. Une curiosité s'assouvit avec une rencontre, un livre, un auteur, un lieu , ce fut Michel Tournier. Je connaissais le nom sans d'identifier la marque de cet écrivain, connaître scolairement un auteur est souvent le meilleur viatique pour ne jamais le comprendre. Un petit livre, "Le bonheur en Allemagne?"(2004), a été suffisant pour faire éclore cette curiosité grandissante à l'égard de notre bonne vieille Allemagne. J'avais fait mon séjour linguistique à Mannheim en 1984, dont il me reste presque rien, c'était l'opulence sans l'expression d'une identité, à moins que cela en soit en une, la reductio ad Hitlerum. L'Allemagne existe pour moi aujourd"hui, comme une étendue immense de chemins longtemps en  friche.

 

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