Vitalisme philosophique et sacralisation de la force
Un passage sur Cioran qui éclaire pour un lecteur français la trajectoire d'un Rebatet notamment:
"Que le "reflet populaire" de ce vitalisme philosophique ait pu - "en raison de la tendance bien allemande à exagérer dans l'irrationalisme" - conduire à un "dionysisme vulgaire et affadi" n'a aucune importance pour lui car, au-delà de la doctrine, seules comptent la "participation spontanée et irréfléchie à une mission historique", "la vibration" qui encadre chaque individu " de manière originelle dans la nation". Il le confirme:" Si j'aime quelque chose chez les hitlériens, c'est le culte de l'irrationnel, l'exaltation de la vitalité en tant que telle, l'expansion virile des forces, sans esprit critique, sans réserve et sans contrôle." Voilà donc ce qu'il souhaitera inspirer à la Roumanie: le désir de faire surgir, par la fanatisation et la contrainte, un sentiment d'unité nationale analogue à celui qu'il observe chez les Allemands et capable de déjouer la fatalité imposée par l'histoire aux petites cultures. Aussi est-ce bien la forme de la dictature hitlérienne qui mobilise en premier lieu son attention."
p.104," "Cioran avant Cioran"(2013), Vincent Piednoir, Gaussen