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Lectures paresseuses
20 juin 2013

Naissance d'une réforme: Port Royal

De l'engourdissement spirituel:

  

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"Nul, en revanche, ne s'interesse à la vie spirituelle du couvent. Le confesseur lui-même, dira Angélique, "n'entendait pas le Pater et ne savait pas un seul mot du catéchisme; son principal exercice était d'aller à la chasse". les moines de Cîteaux n'entretiennent les religieuses que de ce que qu'ils appellent "les bonnes coutumes de l'ordre". Racine, dans son Abrégé de l'Histoire de Port-Royal, les résume en quelques mots: bonne chère, oisiveté, mollesse, libertinage. Le temps de la Purification est consacré au carnavl; on organise des mascarades avec le concours du confesseur et des valets. Obéissant à la mode, les religieuses les plus coquettes portent des gants et des masques, afin de protéger leur teint; la plupart d'entre elles n'ont jamais reçu la confirmation et ignorent même ce qu'est ce sacrement."p.12

au réveil de la foi:

   "Mais un grand événement va se produire. Durant le carême de 1608, un capucin nommé basile vient demander au couvent, contre un sermon, un abri pour la nuit, un dîner et une aumône. Angélique accepte, heureuse d'entendre un moine lui parler de Dieu, car elle n'a vu venir, jusqu'ici, que des écoliers envoyés par les bernardins; leurs balbutiements provoquaient les railleries des religieuses.

   L'abbesse fait sonner la cloche de l'église où elle prend place, avec toute la communauté. La voix du prédicateur s'élève; il parle d'en enfant dans une étable. Puis, il découvre l'existence du dieu qui s'est volontairement dépouillé de sa gloire jusqu'à devenir le plus humble des humains.

  

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Alors, enfin, s'ouvre le coeur rebelle d'Angélique Arnaud. Ce fut, écrira sa nièce, "le premier regard de Dieu sur elle et d'elle sur Dieu". Pour le souverain, qui a renoncé à sa couronne, la moniale voudrait souffir et mourir. Elle est emplie tout entière d'une présence jusqu'alors insoupçonnée; durant les jours qui viennent, la jeune fille saura qu'elle a ressenti les premières approches de la grâce.

   Ce soir, Angélique médite. Celui qui, pour elle, est allé jusqu'à la litière des bêtes puis jusqu'à la croix, le voici vraiment redevenu son époux."Dès ce moment, dira-t-elle; je me trouvai plus heureuse d'être religieuse que je ne m'étais destiné malheureuse auparavant."

   Sa nièce, Angélique de Saint-Jean, a exprimé la beauté d'une existence nouvelle: "Cette heure fut comme le point du jour qui a été croissant en elle jusqu'à midi."p15

"Port-Royal"(1965), Marc Escholier Robert Laffont coll.Les grands défis de l'esprit

 

Une enfance au monastère:

Troisième enfant et deuxième fille de l'avocat Antoine Arnauld et de Catherine Marion, Jacqueline passe son enfance dans le milieu prisé des membres du Parlement. Très tôt, elle fait preuve d'une étonnante volonté de caractère et reçoit une excellente éducation, ayant pour cela bénéficié des cours privés donnés à son frère cadet Antoine.

Enfant mal aimée, elle ne trouve d'affection qu'auprès de son grand-père, l'avocat général Simon Marion. « Je passais toute la journée dans sa chambre ou dans son cabinet », écrira-t-elle. C'est d'ailleurs ce dernier qui va sceller son destin. Bien que fort peu croyant, Marion cède à la réalité des temps : effrayé par une descendance fortement féminine, il décide de marier Catherine, la sœur aînée de Jacqueline et de cloîtrer cette dernière. Jacqueline y consent, mais seulement à condition d'être abbesse. Bien vu par le Roi Henri IV, Simon Marion obtient de placer la très jeune fille à Port-Royal-des Champs, malgré les réticences de Rome - la violente opposition des Arnauld aux Jésuites n'y est pas pour rien - et celles de l'abbesse en place, Jeanne de Boulehart. Le 23 juin 1599, Jacqueline prend officiellement l'habit de novice de Cîteaux. Pour faire son noviciat, elle est bientôt transférée (25 juin 1600) à l'abbaye de Maubuisson, gouvernée par Angélique d'Estrées, sœur de la belle Gabrielle d'Estrées, la maîtresse d'Henri IV.

L'enfant est élevée là dans la liberté, le luxe, voire le libertinage mais trouve aux côtés d'Angélique d'Estrées un ersatz de l'amour maternel inexistant. À sa confirmation, le 29 septembre de la même année, elle prend le nom d'Angélique, en hommage probable à l'abbesse. Une fraude de son père sur son âge lui fait obtenir de Rome les bulles nécessaires pour devenir abbesse, alors qu'elle n'a qu'onze ans. Ce régime de la commende est une pratique courante à l'époque. On donne une abbaye ou un monastère comme une source de revenus. "J'avais une aversion horrible du couvent, relate-t-elle. J'étais éveillée et fôlatre." Ses journées sont surtout consacrées aux promenades, à la lecture profane et aux visites à l'extérieur du monastère. "Au lieu de prier, nous dit-elle, je passais mon temps à lire des romans et de l'histoire romaine".

Le 16 juillet 1602, après le décès de Jeanne de Boulehart dont elle était la coadjutrice, Jacqueline-Angélique est élue abbesse de Port-Royal. Il n'est plus temps de revenir en arrière, mais Angélique ne se sent attirée par rien. Meurtrie, malade, elle revient en convalescence dans la maison familiale. Âgée alors de seize ans, physiquement faible mais consciente, elle accepte, "bouillante de dépit", de signer un formulaire donné par son père où elle réitère ses vœux. Elle entre alors véritablement dans la vie religieuse, aidée par sa sœur cadette Jeanne, devenue en 1599 Mère Agnès de Saint Paul à l'abbaye bénédictine de Saint Cyr, et qui la suit à Port-Royal.

N'ayant pas la vocation, elle imagine en 1607 s'enfuir à La Rochelle où une partie de sa famille est protestante et s'y marier mais, affligée par une « grande maladie », son projet est avorté.

Source: http://fr.wikipedia.org/wiki/Ang%C3%A9lique_Arnauld

File:Port-royal gravure.jpg

 

 

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