A l'ombre du KGB: le séminaire lituanien
"La tendance générale, depuis longtemps, s'était de faire mourir le séminaire. Depuis les années 960 et 1970, le nombre de clercs était limité à vingt-cinq. Donc, cinq séminaires par an. Quand on sait que la Lituanie, il y a six cents paroisses, ça se passe de commentaires. Il y avait des gens qui, pendant des années, aspiraient à entrer au séminaire sans y arriver. Je connais personnellement quelqu'un qui n'y est parvenu qu'à l'âge de quarante ans. D'habitude, il y avait un genre d'examen d'entrée. Épreuve orale: du catéchisme, à un niveau vraiment rudimentaire, et épreuve écrite sur deux sujets au choix. Pourquoi peut-on devenir prêtre? La vie après la mort ? L'eucharistie, etc. Les premiers à l'épreuve avaient bien plus de chances d'être acceptés que les derniers. Mais en fait, la vraie sélection, c'était le KGB qui la faisait. Chaque année, le recteur présentait la liste des futurs séminaristes au KGB. Ils pouvaient rayer les noms à volonté. Et tous les futurs séminaristes, avant ou après les examens ecclésiastiques, étaient au KGB. Le vrai examen, c'était là qu'il avait lieu. Tout dépendait de cette "conversation amicale". En dernière instance, c'était le KGB qui devait approuver tous les candidats."
p.37/38,"Paroles dégelées"(1990), Irena Wiszniewska, Calman Levy