Le rouleau compresseur de la dernière guerre

Le livre récemment paru, "Mitterrand à Vichy", de Moati, Aube 2008 donne p.32 de la part de l'historien Rousso un constat perspicace:
"Dès lors que vous êtes dans une situation d'accusé au regard de la période de la dernière guerre, quelle qu'en soit la raison d'ailleurs, soit parce que vous avez commis des actes répréhensibles, soit parce que vous avez participé au gouvernement de Vichy, soit parce que vous n'avez pas assez parlé, enfin peu importe...,dès lors vous êtes dans le tumulte médiatique et que cela a un lien avec l'histoire du nazisme, l'histoire de la Shoah, l'histoire de Vichy, vous pouvez être laminé, mais laminé!"

Le diagnostic pénétrant de Rousso saisit le nœud gordien de la difficulté lié à cette période: une hystérie maintenue intacte quand l'œuvre du temps ne fait plus son travail d'oubli nécessaire, une hystérie condamnée à la diabolisation perpétuelle et jamais  insatiable. La page est tournée et 1945 ne peut plus continuer à constituer un univers mental maintenant gelé. La mémoire de 39/45 ne doit plus être cette souillure morale fondatrice instillant une ligne de partage des eaux irrémédiable et qui sans cesse recherche une victime expiatrice pour fonder un ciment moral factice: la religion antiraciste.