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Lectures paresseuses
17 avril 2008

Martin Peltier et Radio Courtoisie

Pour les historiens du futur, un document sur la France sous haute surveillance en 2008.

Source : Bocage

- Tout le déroulé sur le site de Robert Faurisson: http://robertfaurisson.blogspot.fr/2008/05/invite-mais-censure-par-radio.html

Les auditeurs de Radio Courtoisie ont eu un choc mercredi dernier dans la soirée:

 "Le Libre Journal" de Martin Peltier s¹arrêtait brusquement,
sans explications, remplacé par de la musique, et celui de Paul Marie
Coûteaux
, qui devait lui succéder, était différé (voy. n/message du
11/4/08 intitulé "Une émission révisionniste censurée"). Deux jours
plus tard, Henry de Lesquen, qui avait engagé Martin Peltier après
la mort de Serge de Beketch pour remplacer celui-ci une semaine sur
quatre, mettait fin à cette collaboration. Voici l¹explication de
cette étonnante affaire, par l¹un de ses protagonistes.

Martin Peltier : "Survivre entre censure et autocensure"

-- Bocage: Que s'est-il passé à Radio Courtoisie le mercredi 9
avril?
-- Martin Peltier: J'avais invité en deuxième partie de mon "Libre
Journal", de 19h 30 à 21h, le professeur Faurisson. Un peu avant 20h,
la musique a couvert nos voix et le technicien m'a signalé par geste
que l'émission était finie. On nous a indiqué qu'un membre du CSA avait
conseillé cette censure dans l'intérêt de la station, et c'est ce qui a
été répété pendant une heure aux innombrables auditeurs qui téléphonaient
pour la déplorer.

-- B: "Le Parisien" du lendemain 10 avril donne une autre version.
-- MP: En effet. Selon lui, l'un de ses journalistes, surpris par
cette brusque interruption des programmes, a interrogé
immédiatement Henry de Lesquen, le patron de Radio Courtoisie,
qui lui aurait fait la réponse suivante: c¹est la déléguée aux
questions éditoriales, Mme Paoli, qui aurait pris la décision
de couper parce que "l'un des invités aurait tenu des propos
inacceptables", sans que soient précisés lesquels. Quelle que
soit la version véritable, on doit remarquer la promptitude
des réactions de tous.Mme Paoli, ou un membre du CSA à
l¹écoute de mon émission, n'a pas hésité à déranger Lesquen,
qui présidait à ce moment une réunion. Le journaliste du
"Parisien" a été encore plus réactif. Avant le bouclage,
il a eu le temps de s¹étonner, d'appeler, d'écrire et de
caser son papier. C'est certainement un bon professionnel.
Quoi qu¹il en soit, vendredi 11 avril, j'ai reçu une lettre
recommandée de Lesquen m¹annonçant que mon "Libre Journal"
était supprimé. L'après-midi, il me téléphonait pour s'
expliquer, non pas tant sur les faits que sur la raison
de la censure.

-- B: Elle est limpide: Robert Faurisson nie l¹existence
de chambres à gaz homicides dans l'Europe occupée par
Hitler. Or c'est interdit par la loi Gayssot et il a
été condamné plusieurs fois pour cela. Votre invitation
était donc une provocation suicidaire.
-MP: Non. J'avais formellement interdit à Faurisson d'
aborder la chose.Nous étions convenus de nous cantonner
à quatre thèmes. D'abord, la persécution des révisionnistes,
judiciaire, disciplinaire et autre. Ensuite,la critique des
lois restreignant la liberté de recherche, à la lumière des
pétitions signées ces dernières années par des historiens
français réputés.Troisièmement, l'examen des faussaires
profiteurs de la Shoah, dont l'actualité récente offre
de bons exemples. Enfin, à la suite de Raul Hilberg,
principal historien de l'Holocauste, nous devions
relever les progrès que l¹hérésie révisionniste
fait faire à l¹histoire officielle.

-- B: Ces sujets, quoique un peu "borderline", peuvent
en effet être abordés, mais pourquoi avec Faurisson?
Sa personne est elle-même devenue symbole de provocation.
-- MP: La question est de savoir si Robert Faurisson est
un homme ou une bête. Si c'est un homme, comme dirait Primo
Levi, il a des droits. Certes,c'est un multirécidiviste, un
repris de justice, mais il a payé ses dettes à la société,
il a donc droit de vivre et de s'exprimer comme tout autre,
pourvu qu'il n¹enfreigne pas la loi. Une comparaison va vous
éclairer. La campagne pour la dépénalisation de l'avortement
a culminé avec le "Manifeste des salopes": des femmes en vue
y revendiquaient leur crime pour obtenir l'abrogation de la
loi qui le réprimait. Or, loin de les condamner, on les loue.
Et l'on bâillonnerait Faurisson, même s'il s'engage à
respecter la loi Gayssot? Quel coeur normal, quel esprit
droit, tolérerait ce "deux poids deux mesures"?

-- B: Bien sûr, mais demeurer au niveau des principes peut-
être parfois enfantin. Lesquen est responsable de Radio
Courtoisie, de sa survie. Vous auriez dû lui soumettre la
liste de vos invités.
-- MP: Non. Lorsqu'il m'a demandé de venir à Radio Courtoisie,
il m'a détaillé verbalement un cahier des charges contraignant,
mais il m'a laissé libre de mes invités et de mes sujets. Ce qu'
il me reproche est une erreur d'appréciation. Pour lui, Faurisson
étant ce qu'il est et la jurisprudence en matière de révisionnisme
ce que nous savons, aborder le sujet comme je
l'ai fait était impossible. Il en voit une preuve surabondante dans
le fait suivant: les invités de l¹émission de Coûteaux, ayant
appris que le professeur diabolique était passé avant eux dans le
studio, se sont défilés et l'émission a dû être reportée. Ils "avaient
des bouches à nourrir".

-- B: Vous voyez, l¹interdit porte sur Faurisson.
-- MP: Pas tout à fait. Henry fait une analyse plus subtile. Depuis
trente ans que Robert Faurisson mène ses recherches révisionnistes,
il a été l'objet de tant d'attaques qu'il se compare, d'une certaine
manière, à Galilée. De toutes ses paroles sourdent, même quand il
se domine, une révolte indomptable et la certitude d'avoir raison.
Pendant ses vingt-cinq minutes d¹antenne, il n'a tenu aucun propos
révisionniste passible de la loi Gayssot mais, à plusieurs reprises,
il a laissé entendre que, s'il pouvait parler, on verrait ce qu¹on
verrait... UN ESPRIT TORDU POURRAIT POURSUIVRE EN CONTESTATION DE
CRIME CONTRE L'HUMANITÉ EN S'APPUYANT SUR LA SEULE CONVICTION
IMPLICITE DU PRÉVENU! Henry ne veut courir aucun risque et il a
coupé. Si une telle procédure était menée, elle pourrait entraîner
des dépenses de justice insupportables pour Radio Courtoisie, une
réputation qui ferait fuir une part de ses invités et de ses
auditeurs, et peut-être, à terme, supprimer l'autorisation d'émettre.
Un chef responsable doit prendre sa décision en quelques secondes.
Lesquen est d'une famille de marins. Il a préféré sacrifier une
chaloupe en perdition pour préserver sa frégate.

-- B: Ainsi, vous approuvez ses décisions?
-- MP: N'exagérons rien, mais je les comprends, surtout celle
qu'il a prise à chaud. La suppression de mon "Libre Journal"
me paraît, elle, inutile et risque de dégoûter une partie des
auditeurs. Quant à moi, je la regrette un peu, car nous avions
retrouvé, avec quelques amis de la presse nationale, un ton et
une ambiance qui rappelaient de bonnes heures et qui pouvaient
contribuer à maintenir l'unité de notre camp dans les passes
difficiles que nous traversons. Mais, d'un autre côté, c'est
un poids en moins: moins de travail et moins de dépenses,car
vous savez que l'on n'est ni payé ni défrayé à Radio Courtoisie,
et, n'habitant pas Paris, cela me faisait des frais chaque mois.
Le journalisme à compte d'auteur, je ne sais pas si c'est
encore de mon âge.

-- B: Et l¹émission avec Faurisson, comment la jugez-vous?
-- MP: Un peu courte, on en était au tour de chauffe, on n'a
pas abordé les points les plus intéressants. Mais enfin ça a
le mérite d'exister. Et les plus courtes sont parfois les
meilleures. Nous avons fait la démonstration qu'un tabou
interdit toute expression libre en France. Et qu'il impose
l'autocensure aux plus intelligents et aux plus courageux:
car je ne tiens nullement Radio Courtoisie pour un ramassis
de moules. Nous rappelons ainsi, de la manière la plus
explicite, que notre pays est aujourd'hui un territoire occupé.
Il est très difficile d'y survivre, entre censure et
autocensure. C'est pourquoi je comprends si bien la
position de Lesquen. Il y a deux armes pour servir l¹
information en France: l'épée et le bouclier. J'ai choisi
l'épée, Lesquen le bouclier.

-- B: Vous reprenez les mots du colonel Rémy, quand il
pensait que De Gaulle et Pétain s¹étaient partagé les
rôles sous l'Occupation.
-- MP: Sauf qu'à la différence de De Gaulle, je ne
souhaite pas diviser le camp des Français attachés à
leur patrie. Je n'aimerais pas que certains se détachent
de Radio Courtoisie à cause de je ne sais quelle tiéd
eur supposée.La comparaison avec l'Occupation me paraît
fructueuse. Radio Courtoisie est une radio aussi libre
que l¹était la zone du même nom: libre, mais sous la
menace permanente de l¹occupant. C¹est une radio "nono",
non occupée, ce n'est déjà pas si mal. Le Maréchal ménage
ce qui doit l'être pour sauver ce
qui peut l'être.

-- B: Alors, pas de regrets?
-- MP: Vous êtes devant un équilibriste qui vient de
se casser la figure. Je regrette d'être tombé. Ma femme m'a
dit: Tu t¹es cru plus malin que tout le monde et maintenant,
tu te retrouves dans la m..., comme d'habitude. Mais je
préfère conclure autrement. C'est avec le temps qu'apparaissent
les dernières conséquences et la portée finale d'un acte. Peut-
être un jour Radio Courtoisie s'honorera-t-elle d'être la station
qui a laissé parler Faurisson vingt-cinq minutes. Et il ne s'agit
pas seulement de défendre l'honneur de la presse et des Français,
il s'agit de ménager l'avenir. Je n'en veux pas à Lesquen de son
réalisme, je m'occupe de réalités plus hautes. En refusant que l'
on piétine le droit, la vérité, la liberté, lajustice, je préserve
les chances d'une jeunesse qui souffre sous le joug, et qui
trouvera demain, n'en doutons pas, les moyens efficaces de
la victoire.

Propos recueillis par Memona Pfennigstein

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