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Lectures paresseuses
5 mai 2008

Le jour où mon père s'est tu

 

41ewY6KIufL  Dans la déferlante éditoriale consacrée à mai 68, "Le jour où mon père s'est tu", de Virginie Linhart se détache qui, au travers de l'évocation de son père; figure de proue du maoïsme français et auteur de "L'établi"; dresse un portrait saisissant des enfants de dirigeants gauchistes, et la répercussion sur leur éducation de ce militantisme anéantissant le domaine privé. Virginie Linhart capte de manière sensible et nuancée l'empreinte de cette époque, sa manière effacée devant ses  interlocuteurs nous rappelle  Asne  Seierstad.  L'auteur  reste  attaché   à l'héritage moral et politique de mai 68, la mentalité utopique transcende tout échec pratique et sait se préserver une virginité morale au-dessus de tout démenti, son énergie vient de cette dénégation perpétuelle. Les faits parlent pourtant, et sont expressifs par eux-même. Florilège:

   

p.79 et suivantes,citant Julie Faguer : “A l’école, je n’avais qu’une angoisse : c’est qu’on se rende compte à quel point ça déconnait à la maison ! J’avais le sentiment qu’à mon entrée dans la cour tout le monde allait deviner que mes parents se baladaient à poil chez moi ou avaient plein d’histoire de cul … Par conséquent, je donnais absolument tous les signes de normalité : franchement, j’étais une enfant irréprochable.”

Claudia Senik : “Je me souviens que, pour mon premier jour d’école, un copain de mon père pleurait parce que j’allais être embrigadée dans l’appareil de répression idéologique de l’Etat !”

Juliette Senik : “Le paradoxe du gauchisme, c’est que c’est une culture élitiste, ultra-littéraire, issue de la révolution surréaliste, qui se veut aussi du côté du peuple, dans la lutte des classes et hors de la société. Le fait d’être une bonne élève n’est pas gauchiste ! Ce qui est gauchiste, c’est d’être une bonne élève sans effort, dans la grâce, “ça va de soi” : c’est ce complexe de supériorité qui est gauchiste.”

p.93, "Mes souvenirs les plus marquants, dit Claudia, restent attachés à la liberté sexuelle: tout le monde à poil tout le temps, on ne fermait pas la porte des toilettes. Au fronton de notre appartement aurait pu inscrite cette phrase de Lacan:"Ne jamais céder sur son désir."

p.106, C'était une époque où l'endroit dans lequel on vivait n'avait aucune importance, la nourriture non plus, ni même la façon de s'habiller...Chez mon père, pendant des années, il y avait des lits, des livres, et des cantines où l'on entassait tout le reste: les vêtements, la vaisselle, les jouets. On ne décorait rien, on n'arrangeait rien".

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