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Lectures paresseuses
31 décembre 2008

Béraud: 50 ans après

      

180px_Henri_B_raudHenri Béraud est mort le 24 octobre 1958 à Saint-Clément-des-Baleines. Reporter vedette avant-guerre, à l'instar de Kessel, Londres, il est condamné à mort après-guerre, gracié puis forçat à l'Ile de Ré. Lui qui avait connu les grands du monde passe les dernières années de sa vie dans une relégation humiliante. En hommage à cette grande figure des lettres lyonnaises, à son énergie tonitruante, on relit avec délectation le portrait laissé par Haedens:
"La littérature a envahi le journalisme par d'autres voies que celles de la critique littéraire. Des écrivains comme Blaise Cendrars, Jean Cocteau, Antoine de Saint-Exupéry, Jérome et Jean Tharaud, Joseph Kessel, Henri Béraud ont illustré l'art du grand reportage. Le nom même de Béraud (1885-1958) reste lié à une époque disparue du journalisme, une époque où l'on n'envoyait pas n'importe qui, pour cinq minutes, aux quatre coins du monde, où les retours à Paris se faisaient dans la joie et les festins de l'amitié. Béraud, romancier, a fait entendre, dans la chronique historiquement discutable des Lurons de Sabolas, la robuste plainte des pauvres gens de la terre et la révolte dans le feu des barricades. L'auteur du Ciel de suie n'a jamais laissé ignorer qu'il était un enfant du pavé de Lyon. Son accent est vigoureux, réellement populaire. Il est donc un seigneur du langage. Les souvenirs de Béraud sont arrachés, non à la mémoire, mais à la vie qu'ils éclairent d'une lumière cafardeuse et dorée, d'une sagesse où le rire s'éteint sur la mélancolie. Dans la Gerbe d'or et Qu'a-tu fait de ta jeunesse ? par exemple, Béraud unit la cocasserie à l'émotion simple et poignante. Et l'on reconnaît toujours l'homme qui a parcouru à toute allure une Europe encore douce, mais déjà brûlante de révolutions et d'émeutes, à la minute où les derniers empereurs arrivaient en chancelant dans les hôtels suisses, où les révoltes fulgurantes des Sinn-feiners jetaient sur les trottoirs de Dublin les corps déjà glacés des Black and Tans de l'armée régulière. Béraud est un attachant témoin. Devenu polémiste, il ne cessa de faire pendant le dernière guerre ce qu'il avait fait toujours: attaquer l'Angleterre  à propos de n'importe quoi. cela lui valut une ahurissante condamnation à mort. Béraud fut gracié, puis libéré à la nuit tombée dans l'île de Ré, par des géoliers qui le croyaient à peu près mort. La douleur lui avait pris sa plume et son papier"

p.498-499, "Histoire de la littérature française"(1943), Kléber Haedens, Grasset, Cahiers Rouges (1970)

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