Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Lectures paresseuses
15 avril 2012

Elite cosmopolite et masse immigrée, le vrai visage de l'antiracisme

 41h8NS-twPL  "Le mouvement de recomposition sociale des métropoles ne se résume pourtant pas à un simple processus d'embourgeoisement. Il s'accompagne aussi d'un renouvellement des couches populaires grâce à l'arrivée de populations issues de l'immigration. La sociologie traditionnelle héritée de l'ère industrielle s'efface peu à peu pour laisser la place à une sociologie issue du développement métropolitain et de la mondialisation. Ce double mouvement de gentrification et d'immigration participe à un processus de substitution complexe, où les couches populaires traditionnelles, ouvriers et employés, sont remplacées par des couches moyennes et supérieures et par des couches populaires immigrées. Il apparaît ainsi que la spécialisation du marché du travail des grandes villes vers des emplois très qualifiés , qui a contribué à l'éviction des catégories populaires traditionnelles, ne représente pas un frein à l'arrivée des couches populaires immigrées.  Le passage d'une immigration de travail à une immigration familiale a orienté les nouveaux flux migratoires vers les territoires qui concentraient déjà des populations immigrées. L'importance du parc de logements sociaux et de logements privés dégradés a rendu possible l'accueil et le maintien de ces nouvelles couches populaires dans les métropoles où le prix des loyers et des logements avait explosé.

(...)

   Si l'immigration présente un intérêt certain pour le patronat ( dumping social, pression à la baisse des salaires, affaiblissement de la protection sociale), en revanche, on ne souligne pas assez un autre aspect de cette nouvelle exploitation, qui permet d'offrir un train de vie "bourgeois" aux nouvelles couches  supérieures sans en payer véritablement le prix. La nounou et la femme de ménage immigrées, et parfois sans papiers, ne ponctionnent que marginalement le budget des cadres. De la même manière, c'est bien grâce à l'exploitation en cuisine des immigrés que le bobo peut continuer à fréquenter assidûment les restaurants pour une somme assez modique. Produit de la mondialisation libérale, la ville prospère non seulement sur un marché de l'emploi très qualifié et bien rémunéré, mais aussi sur un marché de l'emploi précaire caractérisé par une forte pression sur les coûts salariaux."

p.96/97,","Fractures françaises", Christophe Guilluy , Françoise Bourin 2010

Publicité
Commentaires
Lectures paresseuses
Publicité
Lectures paresseuses
Catégories
Archives
Derniers commentaires
Publicité