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Lectures paresseuses
14 octobre 2012

In memoriam Marcel Aymé: l'hommage d'Anouilh

Ecrit par Anouilh le 16 octobre 1967 pour l'Aurore, deux jour après la mort de Marcel Aymé:       

  "Il a retrouvé La Fontaine

   

22510100862760LSans Légion d'honneur, sans jeune ministre ému, sans honneurs militaires et sans brochette de vieillards déguisés, le plus grand écrivain français vient de mourir.

    Je l'aimais trop pour lui écrire un adieu ému. Je ne  parlerai même pas de celui qui, dans ces temps d'imposture, avait mérité le nom de "Môme courage", ni de sa bonté, de son humanité profonde, de cette tranquille simplicité, qui en faisaient ce phénomène presque introuvable à Paris: un homme.

   Je veux simplement prendre date avec les encore tout jeunes professeurs du siècle prochain pour qui notre bruit, notre fureur, les fabuleux tirages et l'orchestration publicitaire de nos génies ne seront plus qu'une pantomine incompréhensible et dérisoire, et leur dire ce qui sera l'évidence pour eux: le plus grand écrivain français de nos années est mort sans bruit, un soir d'octobre. C'est-à-dire qu'il a simplement quitté son image, cher visage indéchiffrable de bouddha pour ceux qui ne savaient pas y lire; c'est-à-dire qu'il commence à nous parler enfin intarissablement, le cher muet. Il a retrouvé la vraie France - dont il a beaucoup moins parlé que les professionnels de la chose, mais qu'il était.

    Il s'est simplement mis, avec son petit sourire modeste et un peu triste, à la place, là où l'intelligentsia française - qu'il agaçait et qui l'agaçait - ne peut plus rien,."

p.387/388, "Marcel Aymé un honnête homme"(1997), Michel Lécureur, Les Belles Lettres/Archambaud

 

   

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