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Lectures paresseuses
28 janvier 2013

Esprit villageois de Paris

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   "Au moment où je fis sa connaissance, la ville n'était pas encore aussi complètement fondue en un tout qu'elle est aujourd'hui grâce au métro et aux automobiles; c'étaient principalement les immenses omnibus traînés par de lourds chevaux fumants qui assuraient les communications. A la vérité, on ne pouvait guère découvrir agréablement que de l' "impériale" de ces larges véhicules, ou des fiacres découverts qui, eux non plus, ne roulaient trop fiévreusement. Mais se rendre de Montmartre à Montparnasse représentait quand même encore, à l'époque, un petit voyage et je jugeais tout à fait digne de foi la légende selon laquelle il existait des Parisiens de la rive droite qui n'étaient jamais allés sur la rive gauche, et des enfants qui n'avaient jamais vu le jardin des Tuileries ou le parc Monceau. Le vrai  bourgeois ou le vrai concierge demeurait volontiers" chez soi", dans son quartier; il se créait son petit Paris dans l'enceinte du grand Paris, et c'est pourquoi chacun de ces arrondissements avait son caractère distinct et même provincial. Il fallait donc à l'étranger une certaine force de résolution pour choisir le lieu où il planterait sa tente."

p.159/160,"Le Monde d"hier", Stefan Zweig, Livre de poche (ed.1998), autobiographie (Die Welt von Gestern - Erinnerungen eines Europäers, 1942, publ. posth. 1944) ; Zweig commença à l’écrire en 1934 ; il posta à l’éditeur le manuscrit, tapé par sa seconde femme, un jour avant leur suicide.

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