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Lectures paresseuses
1 mars 2014

Ode à Paris

Publié à Budapest en 1940, "Összeomlás", Szabó Zoltán (1912-1984) avait vingt huit ans lors de la rédaction du texte, il repose au cimetière de Josselin dans le Morbihan:

  

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"Cette ville gigantesque, cette ville de quatre millions d'habitants, est la capitale de la France et du goût, de la joie de vivre et de l'abnégation, c'est la ville des cathédrales et du Moulin-Rouge, la ville des petits cafés minables tenus par les Arabes, mais aussi celle de l'île Saint-Louis, c'est la ville de la Révolution et des rois les plus absolus qui soient, à quel point elle est légère et exempte de tout fracas, bien que bruyante; elle est grande avec légèreté, sans effort, elle est immense sans vouloir être immense dans la sueur et dans le vacarme.C'est la ville des proportions gigantesques et des détails les plus fins, c'est la ville des avenues les plus larges et des impasses les plus étroites du monde, des bâtiments les plus écrasants et des tours les plus sveltes, c'est la capitale des contraires, celle de l'excès du sacré et du recueillement, comme celle de l'excès des péchés et des extases. Rien que des règles, rien que des exceptions, rien que du désordre dans les petites choses, rien que de l'ordre dans les grandes choses, pour les cosmopolites, c'est une mégapole, pour les bourgeois une bourgade, pour les ouvriers une ville industrielle, pour les voyageurs un refuge, pour les étrangers la patrie; c'est la centre de l'Europe de telle sorte que tout ce qui périclite est ici, et tout ce qui rayonne vers les hauteurs est ici. C'est la ville des tracés immense et des détails chaotiques, pour les prêtres, c'est la ville des églises, pour les danseuses la ville des cabarets, pour les poètes la ville de la poésie, pour les peintres la ville de la peinture, pour les commerçants la ville des échantillons, pour les prostituées la ville de la prostitution, pour les émigrés la ville de l'émigration."Une ville qui supporte tout et accueille tout et qui reste elle-même malgré toute cette étrangeté, la ville la plus orgueilleuse de la terre qui laisse tout faire à l'abri de ses murailles, parce qu'elle sait que rien ne peut altérer sa beauté, nuire à ses proportions, déranger sa quiétude, ébranler son équilibre."

 

p.41/42, "L'effondrement - Journal de Paris à Nice (10mai1940-23Août 1940), Szabó Zoltán , Exils (2002)

Sur le site de l'éditeur: http://www.editions-exils.fr/exils/leffondrement

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