Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Lectures paresseuses
1 avril 2014

Marcel Aymé en son intimité

  

31BGVTWP-3L

"J'ai connu Marcel Aymé chez lui, où m'avait emmené  Lucette Almansor. Sa femme nous a ouvert la porte de leur minuscule appartement sur la butte Montmartre., en face de Moulin de la Galette, de la maison et de l'atelier de Gen Paul et de l'immeuble de la rue Girardon où Céline et Lucette avaient habité jusqu'en juin 1944, quand, à l'annonce du débarquement, ils se sont enfuis en Allemagne avec Bébert. Mme Marcel Aymé nous ouvrit donc la porte et veilla à ce que nous utilisons les patins. Pas question d'entrer dans la baraque sans patin, le parquet était un miroir et il fallait qu'il le reste. pas un papier sur le bureau du maître de maison, pas un journal, pas un mégot dans un cendrier. Un Céline par Gen Paul au mur, pas grand chose d'autre. Marcel Aymé vivait dans un lieu parfaitement aseptisé, une sorte de clinique, privé de poussière et de crottes de mouches, ce dont il ne paraissait pas souffrir. Quand je lui ai demandé de me montrer les lettres qu'il avait reçues de Céline, il m'a dit qu'il les avait détruites après y avoir répondu et, comme Céline faisait de même, il n'y avait aucune chance que leur correspondance soit un jour publiée. Pour échapper à cet enfer domestique, Marcel Aymé descendait prendre son petit déjeuner dans un café où il passait toute la matinée des Français parler. Lui, ne parlait pas souvent, avait besoin d'entendre pour écrire, ce qu'il faisait quotidiennement, après être rentré chez lui pour le déjeuner qui se prenait à heure fixe."

p.36 "Libera me"(2014), François Gibault, Gallimard 2014

Publicité
Commentaires
Lectures paresseuses
Publicité
Lectures paresseuses
Catégories
Archives
Derniers commentaires
Publicité