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Lectures paresseuses
27 mai 2009

Roger Vailland, la création face à l'Histoire

      Pour présenter Roger Vailland, on se rappelle le mot d'un autre Roger; Nimier :" Le meilleur écrivain français d'extrême gauche est aussi celui qui plaît le mieux aux réactionnaires sensibles." Les éditions Tallandier nous livre une savoureuse anthologie de la revue "Arts 1952-1966 La culture de la provocation" (2009). Sous le titre Qu'est-ce qui vaut la peine de vivre ?, écrit le 11 mars 1959, les reflexions de Vailland sur la création et l'Histoire restent pertinentes (p.340):

2000_DOC_RogerVailland   "Le propre de l'Histoire, c'est de détruire les formes anciennes au profit de formes nouvelles, et la plupart des hommes, dans leur courte vie, n'ont pas la perspective nécessaire ( ni le don) pour distinguer la forme qui est en train de s'effacer, pour donner un nom à celle qui est en train de prendre contour. Seule l'oeuvre d'imagination se dresse au-dessus du flot, lui fait front, l'oblige à se nommer."
    (...)
    "ainsi, me demanderais-je, ne serait-ce pas une sottise que de prétendre se mettre au service de l'Histoire, comme le voulurent tant d'écrivains de notre temps (dont moi-même) ? Notre histoire, et l'Histoire n'existent qu'au passé, elles sont passées; au futur, elles n'existent pas encore. Pour nous autres hommes d'imagination, l'Histoire ne peut être qu'un matériau avec quoi nous essayons de faire de l'éternel présent. Nous n'avons pas à la servir, mais à l'utiliser."

    On ne résiste pas à conclure sur le portrait de Vailland dressé par Brasillach:

713143951_L"Je me rappelle un garçon au visage osseux, aux cheveux longs, volontiers porteur d'une pèlerine qui lui donnait un air byronien: il commença un jour, dans le couleoi qui menait à la classe d'André Bellessort, à me parler de poésie. Nous avons presque tous eu des camarades de ce genre. Il ne devait rester qu'un an et demi avec nous, avant d'aller terminer une licence de philosophie à la Sorbonne, et de s'aiguiller ensuite sur le journalisme. C'était Roger Vailland, à coup sûr un des personnages les plus extraordinaires de notre classe.(...) Il était le Lafcadio de Gide incarné pour nous, et bien qu'il soit rare d'admirer quelqu'un de son âge, il est exact que nous l'admirions. D'ailleurs, plein d'une séduction vraie, d'un talent réel, plus proche de Baudelaire que des erreurs surréalistes, il aurait pu, à n'en pas douter, traduire bien des mondes inconnus en des accents saisissants."

p.51, "Notre avant-guerre", Livre de poche (1992), Robert Brasillach

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