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Lectures paresseuses
27 mars 2013

Semaine sainte dans le Finistère

    "Je revois les bouquets de buis assemblés pour la              

buis       bénédiction des Rameaux.

un orvet massacré dont les tronçons noirs ne

     cessent de se tordre dans l'herbe mouillée

les bouvreuils qui dilapident pétales et bourgeons

le bois fraîchement entaillé pour les greffes et qui

     suinte

dans les stalles du Jeudi saint les pieds des enfants

     de choeur débarrassés de leurs chaussettes lai-

     neuses

je revois dans les champs ces arbres nouvellement

        coupés qui se dressent comme des têtards et des moignons

ces prairies remplies de jonquilles, ces talus cou-

        de primevères qui fleuriront sur les autels de la

        Semaine sainte

je revois cette campagne gorgée d'eau, de sève et de vie

images

 

je revois un ensemble d'images, étranges enlumi-

        nures de verdure et de deuil

dans l'église qu'encerclent les vagues les statues ont

        disparu sous des housses violettes

je revois des autels dénudés, sans nappe, comme

        des bateaux au pont mal équarri

je revois des parquets sans tapis sur lesquels on va

       pieds nus

des confessionnaux où l'on dépose l'arborescence

deux-confessionnaux-plumelin       des péchés

je revois des journées de plein soleil, plus grises

       et pluvieuses à mesure que s'avancent les marées

       funèbres

le temps détraqué du grand Vendredi

dans le jardin des bouvreuils et les grivesont dis-

       paru

le silence et le froid soudain

je revois sur le pont que battent les flots gonflés de

      la grande Semaine les vieilles fmmes en deuil

      perpétuel qui se pressent à l'église

je revois et j'entends

Ô Croix dressée sur le monde, ô Croix de Jésus-

P1030520     Christ

Victoire, tu régneras ! Ô Croix, tu nous sauveras!

Mystère du Calvaire, scandale de la croix

Je revois dans la nef silencieuse et vide de tout faste

     une croix de bois rugueux que l'on embrase,

     une croix qui est entrée par la porte des morts

Il n'y a plus rien soudain, plus de grives, plus de

     bouvreuils, plus de bourgeons saccagés, plus de

     fleurs, plus de pieds nus, plus de nappes resplen-

     dissantes

Le froid des rochers, des anguilles et des congres

Le froid qui remonte de la mer et envahit l'église

L'orvet trnçoné et qui danse

Des pieds cloués, la lune voiléee, le jardin qui s'enté-

     nèbre."

p.231/232, "Les marées du Faou"(2003), Philippe Le Guillou, Folio n°4057

 

         

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